Photographier la rue, dans la rue, les rues de Bordeaux, c'est un peu comme prélever des morceaux de verre brisés pour reconstruire le miroir brut d'une ville secrète, loin de celui que l'on nomme miroir d'eau et qui capture le regard des milliers de touristes. Ce n'est pas chose aisée quand on a été nourri des images de Daido Moriyama explorant Tokyo ou Saul Leiter dans les quartiers de New-York. 

Se laisser porter au gré des quartiers, suivre quelques intuitions, et rester toujours disponible à l'imprévu, venir et revenir inlassablement sur les mêmes lieux. Explorer son environnement proche: chez soi, c'est la démarche qui s'est imposée dans ce travail. 

Bordeaux est une ville diverse, grouillante par endroit et déserte dans d'autres. Brillante des ors du XVIII ème siècle et noire de la poussière qui recouvre la pierre de ses rues cachées. Jeune et bruyante, vieille et fatiguée, aristocratique et métissée, la ville est toujours pleine de surprises. 

Dans les ruelles étroites, les reflets et les pierres se mêlent; on déboule tout à coup sur la Garonne qui n'est jamais loin.